Politiques d’extrême-droite

Au sein du Front National, deux lignes bien distinctes s’affrontent : la ligne officielle, celle de Marine Le Pen, interventionniste dans le domaine économique, et plutôt libérale sur les manières de vivre, et la ligne défendue par Marion Maréchal Le Pen, libérale dans le domaine économique, et conservatrice sur les manières de vivre. Mais là où tout le Front National se retrouve, c’est quand il s’agit d’identité nationale et d’immigration : sur des positions d’extrême droite.


Dans notre grille d’analyse, ce positionnement se rapporte à l’axe « identité et responsabilité ». Plus on est à gauche sur cet axe, plus on considère que le contexte dans lequel les gens évoluent explique qui ils sont et comment ils se comportent. Plus on est à droite sur cet axe, plus on considère au contraire que c’est la naissance (les origines, le patrimoine génétique) qui est déterminante. Au Front National, comme l’illustrent les positions en faveur du droit du sang ou de la préférence nationale, on se situe tout à droite de l’axe :

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Quelles politiques un tel positionnement induit-il ? En voici quelques-unes. Celles qu’on retrouve dans le programme ou les discours de Marine Le Pen sont suivies d’un *.

La France et les immigrés

Restriction des possibilités d’acquisition de la nationalité française.*
Suppression du droit du sol : l’acquisition de la nationalité française doit être possible uniquement par la filiation (« droit du sang »), ou, exceptionnellement, par la naturalisation.*
Interdiction de la double nationalité, non européenne* comme européenne.
Simplification et automatisation de l’expulsion des étrangers illégaux* : qu’ils aient ou non un travail ou une famille en France.
Expulsion automatique de tous les délinquants étrangers* : y compris ceux qui sont nés en France, y compris pour des délits mineurs.
Préférence nationale pour l’attribution de logements*, d’emplois ou d’aides sociales, quels que soient le mérite ou les qualités des étrangers écartés.

Le communautarisme

Interdiction des signes ostentatoires d’appartenance à l’islam dans l’espace public.*
Insistance sur les racines chrétiennes de la France* pour renforcer l’unité de la nation : les Français musulmans doivent comprendre qu’ils ont à faire un effort d’assimilation* (ne plus afficher qu’ils sont musulmans), ou bien aller vivre dans un pays musulman.
Plus généralement, politique d’éradication de l’islam de France, l’islam véhiculant une idéologie totalitaire portant en elle les germes du terrorisme.

La lutte contre la délinquance

Arrêt des politiques de prévention (subventions aux associations de quartier, lutte contre le décrochage scolaire, rapprochement entre la police et les populations…) : elles ne sont d’aucune utilité pour lutter contre la délinquance, la répression seule étant efficace.
Tolérance zéro.* Alourdissement des peines pour les délinquants. Recours systématique aux peines de prison pour les récidivistes, y compris pour des délits mineurs.
Sanction des parents d’enfants délinquants.*
Abaissement de l’âge de la responsabilité pénale des mineurs, emprisonnement des enfants coupables de crimes.
Instauration d’une peine de prison de perpétuité réelle incompressible.*
Construction de prisons, non pour lutter contre la surpopulation carcérale, mais pour pouvoir augmenter massivement le nombre de personnes incarcérées.
Rétablissement de la peine de mort.
Réarmement massif des forces de l’ordre.*
Extension des pouvoirs de la police.
Systématisation du contrôle au faciès.
Présomption de légitime défense pour les policiers.*

La justice

Reprise en main de la justice pour mettre un terme au gouvernement des juges* : la justice doit être au service du pouvoir garant de l’intérêt national, plutôt que de servir les objectifs politiques de juges partisans. Mise sous tutelle de la justice.

Les libertés individuelles

Restriction des libertés susceptibles de porter atteinte à la cohésion nationale : liberté de critiquer les institutions (la police, l’armée), liberté de critiquer la politique du gouvernement, liberté d’afficher des préférences (religieuses ou autres) qui ne seraient pas conformes à « l’identité nationale ».

L’égalité des chances

Abandon des politiques d’égalité des chances : il est illusoire de vouloir lutter contre les différences naturelles, qu’elles soient entre populations d’origines différentes, ou entre individus au sein d’une même population.
Refus du principe de « discrimination positive »* (aider en priorité les personnes des milieux défavorisés).

L’éducation

Orientation dès le plus jeune âge : certains enfants sont faits pour les travaux intellectuels, d’autres pour les travaux manuels.
Fin du collège unique, autorisation de l’apprentissage dès 14 ans.*
Promotion du roman national pour renforcer l’unité de la nation, refus des repentances d’État*: apprentissage dans les écoles d’une histoire officielle, qui met en avant les évènements qui glorifient la France.

L’international

Rétablissement des frontières nationales* : contrôle systématique des entrées et sorties du territoire. Fin de la possibilité pour les frontaliers de travailler dans le pays voisin.
Interdiction d’entrée sur le territoire pour l’ensemble des ressortissants de pays considérés dangereux, y compris lorsqu’il s’agit de personnes menacées par leur gouvernement.
Sortie de l’Union européenne, qui est un rassemblement hétéroclite de peuples aux intérêts distincts.
Forte augmentation du budget de la défense (plus de 50%*) pour se protéger contre les menaces extérieure grandissantes, et susceptibles de venir de toutes parts.

Une réflexion au sujet de « Politiques d’extrême-droite »

  1. Alain CABOS

    Afin de donner une vision plus complète et surtout diversifiée de l’extrême droite dans son ensemble, je serais tenté d’élargir l’horizon des différentes tendances susceptibles d’intégrer ce même secteur politique. Car, en fait, de la même façon que la gauche et la droite sont multiples, comme l’ont montré Jacques Julliard et René Rémond, l’extrême droite ne déroge pas à cette règle. On y trouve en effet diverses tendances, pas obligatoirement compatibles les unes avec les autres, mais non moins présentes.

    Ainsi l’on peut citer la restauration des valeurs traditionnelles de la vieille France, monarchiste ou pas, bien incarnée par un Philippe de Villiers ; celle-ci est depuis longtemps en forte perte d’influence, presque au point aujourd’hui de faire sourire.

    Le lepénisme beauf, basé sur le racisme et la xénophobie, reste en revanche plus que jamais d’actualité. Il n’est pas exempt de divisions, comme vous le faites très justement remarquer, encore que les différences entre le « canal historique » et l’orientation donnée par le duo Marine – Philippot me semblent relativement secondaires, voire un tant soit peu électoralistes.

    Enfin, au risque de choquer les adeptes du politiquement correct, l’intégrisme religieux constitue une troisième tendance de plus en plus présente au niveau planétaire sous la forme de fondamentalisme islamique, avec laquelle le lepénisme entre en violente opposition pour de vulgaires raisons d’ordre ethnique. Directement dans la lignée de l’Inquisition – pire honte de l’Histoire à égalité avec le nazisme -, il représente un retour à l’obscurantisme médiéval, tournant résolument le dos à la philosophie des Lumières. Il est pour le moins paradoxal qu’un courant influent se réclamant à tort de la gauche fasse, au nom de la lutte contre l’oppression des minorités, dévier son combat afin de favoriser le communautarisme et, par là même, prête main-forte à un islamisme qui prône domination du mâle, soumission complète de la femme, en plus du recours à des méthodes barbares indignes du XXIe siècle. Que dire d’un ancien dirigeant du MRAP, lorsque l’on sait qu’il incluait ostensiblement des secteurs fondamentalistes parmi ses protégés rien que parce qu’il s’agissait de musulmans, c’est-à-dire d’une minorité supposée en théorie être opprimée ? (Jean Ferrat, membre depuis toujours du MRAP, lui avait adressé suite à cela une lettre ouverte où il manifestait publiquement son indignation, avant de quitter carrément le mouvement.) Que dire du NPA qui, après les attentats islamistes de novembre 2015, n’a pas été loin de s’aligner sur les positions prétendument anticolonialistes des dénommés Indigènes de la République pour trouver des excuses aux assassins ? Que dire d’une Clémentine Autain, se revendiquant du féminisme mais ne se dépêchant pas moins, sans doute pour de sordides priorités électoralistes, d’essayer de prouver que parler de quartiers interdits aux femmes n’est que mensonge, alors que l’on est en présence d’une bien triste réalité machiste dénoncée à juste titre par de vraies féministes comme Elisabeth Badinter ? Je soutiens que l’on est en présence d’une tendance qualifiée par certains d’islamo-fasciste dont la place se situe bien à l’extrême droite et non à gauche.

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